Comme je l’ai évoqué plusieurs fois, cette rentrée scolaire je l’ai préparée depuis juin. Alors j’en ai un peu par-dessus la tête, mais je voulais vous faire partager nos péripéties durant cet été.
Pour les livres scolaires, il y a plusieurs étapes, dont certaines qui se passent en présence d’individus parfois nommés élèves, ados ou vacanciers selon les moments.
Je ne vais pas m’attarder sur nos étapes de préparation à nous, mais je vais vous expliquer quelques étapes, émaillées des perles de nos visiteurs…
Principe de base : les élèves du lycée qu’on appellera M peuvent venir vendre leurs livres (en fait on ne les rachète pas, ils sont en dépôt à la librairie et seront revendus à d’autres élèves) et déposer leur liste de livres pour l’année suivante (on leur met en priorité de l’occasion, sinon on commande du neuf). Au moment de payer, on déduit donc de leur note les livres qu’ils ont revendu et ils peuvent payer également avec l’argent qu’ils ont sur leur carte M’ra (pour ceux qui ne connaissent pas, la région Rhône-alpes donne un crédit de 100, 70 ou 50 euros selon le niveau et la section pour acheter des livres scolaires et aider les parents).
Donc il y a plusieurs étapes :
1/ déposer les anciens livres, pour cela ils doivent remplir une fiche avec leurs coordonnées
2/ déposer sa liste de livres
3/ venir récupérer ses livres et les payer
Voilà quelques perles, incompréhensions et autres joyeusetés qui ont égayées mon été !
Les Formulaires de dépôt :
« Madame, c’est quoi CP ? »
2 réponses possibles :
1- ton niveau
2- « Code postal »
Les commandes :
Un jeune homme vient commander des livres pour sa patronne, il me donne le nom de la patronne, un nom très commun. Devant la liste interminable des, disons, Martin, je demande (je sais, ma formulation était un peu maladroite) :
« Et vous avez un prénom ?
– Ben oui, je m’appelle Jean-Baptiste ! »
… raté…
Alors je suis encore formatée par mes années de fac et j’ai encore le réflexes de demander aux jeunes « C’est pour quelle année ? » au lieu de demander « c’est pour quelle classe ? »
généralement je reçois un regard interloqué et j’ai deux réponses possibles :
« Ben… cette année… »
« Ben… 2014… »
« Bonjour, je viens chercher une liste, c’est au nom de bidule chouette Marie.
– Je ne trouve pas à Marie, est-ce que ça pourrait être à Anne ?
– Non.
– Angélique ?
– Non.
– Est-ce que ça pourrait être à un autre nom ?
– Non. Vous êtes sûre ?
– Oui.
– Je ne trouve vraiment pas. Vous êtes sûre que ça ne pourrait pas être à un autre nom ?
– Oui. Quoique… essayez au nom de mon mari…
– ………. »
Des situations de ce genre on en a dix fois par jour. Alors certes maintenant, on a tous un nom, il y a des familles divorcées, recomposées, des femmes qui ne prennent pas le nom du mari, etc. Mais lorsqu’on demande trois fois si ça ne pourrait pas être à un autre nom, ça serait bien d’y penser avant que la libraire déjà déshydratée par la chaleur finisse de se décomposer en pensant qu’elle a perdu la liste, que les livres ont disparu et qu’elle va subir les foudres de la cliente !
Les retardataires :
le 30 août :
« Bonjour, je voudrais récupérer mes livres.
– Ok, c’est à quel nom ?
– Xxx.
– …….. Je ne trouve aucune commande à votre nom. Vous les avez commandé quand ?
– Je les ai pas commandé en fait, je veux les acheter aujourd’hui.
– Ok, mais on ne les aura peut-être pas tous sur place, on a plus beaucoup d’occasion à cette période de l’année. Vous êtes en quelle classe ?
– Terminale S.
– Vous n’êtes pas au lycée M en fait ?
– Ben non.
– On ne fait de l’occasion qu’avec le lycée M, donc il va falloir commander.
– Mais vous n’avez pas tout sur place ? Je n’aurais pas tout pour la rentrée ??? »
Alors, chers lycéens, si vous venez la veille ou l’avant-veille de la rentrée, ne soyez pas surpris, nous n’aurons pas tous vos livres sur place, on ne peut avoir 1 livre de chaque matière pour chaque élève pour chaque lycée de toute la région ! Et bon, venir la veille pour le lendemain… bref…
Les Peu informés
« Bonjour, je voudrais le worbook d’anglais.
– Oui, lequel ?
– Ben, le workbook, quoi… »
Ben, workbook, ça veut dire cahier d’exercice en anglais, quoi, on peut en trouver à peu près chez n’importe quel éditeur…
« je voudrais acheter un livre de BTS CGO, il est rose et bleu… »
Malheureusement, chez élève, l’ordinateur n’a pas moyen de chercher les livres par code de couleur, il est très bête, je le regrette.
« Bonjour, je comprends pas, le lycée a toujours pas envoyé ma liste de livres… »
Celle-là on nous l’a fait souvent, sachant que ladite liste est à télécharger depuis juin sur le site du lycée. Y’en a tout de même qui nous le disent encore alors que la rentrée est déjà là… pas trop anxieux…
« Non, mais c’est cher les livres ici, je vais aller voir ailleurs s’ils sont moins chers ! »
Avis à la population, depuis des années, il existe une loi sur le prix unique des livres, donc… c’est partout pareil !!
… les pas trop anxieux qui se réveillent deux jours avant la rentrée
« je comprends pas, on m’a toujours pas appelé pour me dire que mes livres étaient vendus (attention, on n’appelle pas quand on vend chaque livres, simplement quand on leur trouve une liste complète pour leur nouvelle année, ça demande déjà assez de boulot), la rentrée est demain, vous aurez pas le temps de les commander avant demain je suppose ? »
non, on ne travaille pas la nuit, et les transporteur non plus. Pour ceux qui se demanderait, on ne vient pas non plus les dimanches (on nous a déjà demandé, faut pas croire…)
Les Pénibles
« Non, mais je le veux pas ce livre, je l’ai déjà !
– Ben, pourtant, vous avez marqué que vous le vouliez dans votre liste.
– Ouais, mais je le veux pas, j’avais mal lu hein, j’en f’rais quoi, hein ! »
Bonne question, comme dit ma collègue « c’est pour notre pomme », les éditeurs sont ultra pénibles sur les livres scolaires, donc dans ce genre de situation, si ça arrive trop souvent, au final, c’est la librairie qui achète à ses frais un livra qui finira au pilon…
Juste après avoir écrit cet article, une élève est revenue et nous a accusé de l’avoir « forcé » à acheter un livre qu’elle avait déjà parce qu’il était sur sa liste. Vu qu’on reprend avec eux leur liste pour vérifier qu’ils veulent tous les livres, c’est très réaliste… mais surtout très agréable d’être agressé de la sorte, sympa…
Les Dialogues de sourd par mail
« Nous avons pris note de votre commande, mais veuillez préciser votre LV2.
– Je fais de l’anglais (au lycée M, ils ont tous Anglais en LV1 et italien, espagnol ou allemand en LV2)
– Et en LV2 ? »
Conclusion :
Ami(e)s Professeurs, vous pour qui la rentrée ne fait que commencer :
BON COURAGE !!!
je vous les laisse !
Essayez de faire entrer 2-3 trucs dans leurs caboches !
Illustrations tirées du livre de Leslie Plée, Moi vivant, vous n’aurez jamais de pause
je t’envoie du courage
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merci !
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Dure la vie d’artiste ! pardon de libraire…, mais ça peut être pas mal comme sujet de livre pour une future écrivaine…
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mouah mouah !!! merci ! j’ai beaucoup ri !!! bon, à mon niveau, je n’ai pas les livres scolaires, heureusement !!! je galère déjà quand ils arrivent par dizaine et me demande le même titre alors qu’en bib, je n’en ai qu’un ! merci pour cette tranche de rire !
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contente que ça t’ait fait rire, autant que mon « malheur » serve à quelque chose ! et si tu veux écrire un article sur les bibli en échos à celui-ci, n’hésite pas, mon blog t’es ouvert !
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Tiens, en bib’ on a aussi :
– ceux qui préparent leur fiches de lecture / exposés au dernier moment ‘Bonjour, vous auriez tel livre ? (insérer ici n’importe quel titre au programme, donc forcément très demandé)’ ‘Désolée, tous nos exemplaires sont empruntés, mais je peux vous en réserver un / en faire venir un d’une bib de quartier ? ça ne prendra que 3 à X jours’ « ben… ce serait pour demain donc non, ce sera trop tard »
– ceux qui font parler leur maman et restent, muets, à côté pendant que la maman exprime leur recherche (vu le contenu, c’est facile de comprendre que c’est pour l’ado muet plutôt que pour l’adulte ^^)
– ceux qui étudient dans la salle de lecture (on n’a pas de salle spécifique, hélas) et qui t’intiment de te taire alors que tu renseignes un lecteur (je croyais que c’était les bibliothécaires qui faisaient Chut ^^)
Bref, même combat mais j’ai l’impression que vous avez la palme, en librairie. Courage !
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pareil, les ados muets, de mauvais humeur, etc, on a en des kilos !
si jamais tu veux écrire un article sur les ados en bibli, n’hésite pas, mon blog est ouvert à ces échanges justement !!
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Oki, peut-être pas ces prochains jours mais je note 😉
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Bon ben c’est à mon tour de me les coltiner … jusqu’à la fin de l’année! >_< Mais je les aime bien c'est ados chiants! Sinon je ne ferais pas ce métier!
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ben oui sinon se serait suicidaire ^^ à toi de leur apprendre à commander des livres maintenant ^^ (entre autres choses !)
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Ça me rappel plein de (bons… Oui ac le temps on oublie ttes nos envies de meurtres ça fait juste rire) souvenirs! Bcp de courage je c a quel point cette période est usante aussi bien physiquement que psychologiquement. Bisous
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c’est pour ça que je fais l’article, pour en rire et ne pas en pleurer 😉 merci de ton soutien !
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