Tahar Ben Jelloun
Publié en 2001 ce roman de Tahar Ben Jelloun revient sur des événements qui se sont déroulés au Maroc de 1971 à 1991. Le narrateur est un soldat, entraîné dans l’attentat de Skhirat contre le roi Hassan II, se retrouve enfermé au bagne de Tazmamart.
Dans ce bagne, les prisonniers sont gardés dans le noir total, dans de petites cellules où il est impossible de se tenir debout, nourri suffisamment pour ne pas mourir de faim, destinés tout simplement à mourir le plus lentement possible.
Et cela durera en effet 18 ans, jusqu’à ce que les prisonniers soient libérés.
Le narrateur est donc l’un des prisonniers. Pendant ces 18 ans, les hommes tentent de survivre, en s’organisant pour garder le compte des jours, pour faire la prière, pour garder toute sa tête. Certains hommes dépérissent vite, d’autres, comme le narrateur, se tourne vers la foi pour survivre en attendant une potentielle libération.
Ces hommes vivant dans des conditions horribles et qui sont morts ou qui ont survécu, ce roman est une ode à la foi et à la liberté.
Tahar Ben Jelloun arrive à nous faire vivre ces années de bagne grâce à une plume sensible et touchante. Un livre vraiment fort, qui nous transporte dans l’horeur humaine, mais également vers le courage, l’abnégation et la foi des hommes.
« Se souvenir, c’est mourir. J’ai mis du temps avant de comprendre que le souvenir était l’ennemi. Celui qui convoquait ses souvenirs mourait juste après. C’était comme s’il avalait du cyanure. Comment savoir qu’en ce lieu la nostalgie donnait la mort. Nous étions sous terre, éloignés définitivement de la vie et de nos souvenirs. Malgré les remparts tout autour, les murs ne devaient pas être assez épais, rien ne pouvait empêcher l’infiltration des effluves de la mémoire la tentation était grande de se laisser aller à une rêverie où le passé défilait en images souvent embellies,tantôt floues, tantôt précises. Elles arrivaient en ordre dispersé, agitant le spectre du retour à la vie, trempées dans des parfums de fête, ou, pire encore, dans des odeurs du bonheur simple: ah! l’odeur du café et celle du pain grillé le matin; ah! la douceur des draps chauds et la chevelure d’une femme qui se rhabille…Ah! les cris des enfants dans une cour de recréation, le ballet des moineaux dans un ciel limpide, une fin d’après-midi! Ah! Que les choses simples de la vie sont belles et terribles quand elles ne sont plus là, rendues impossibles à jamais! »
Auteur Marocain
Excellent Tahar Ben Jelloun …..
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tu l’as lu ou l’auteur en règle générale ? en tout cas, ça me donne envie de découvrir un peu plus son oeuvre !
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J’ai lu plusieurs livres de Tahar Ben Jelloun ( je vais avoir du mal à donner une liste complète^^)
Je garde en mémoire : « La nuit sacrée », « L’enfant de sable », « Partir » , par ex. En parlant d’écrivains marocains, il y en a un que j’ai découvert il y qques mois: Fouad Laraoui – très différent de Ben Jelloun mais excellent….
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je ne connais pas du tout Fouad Laraoui ? c’est quel style ?
je note pour les autres titres 🙂 merci
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C’est …un peu comique mais avec une vision très pertinente sans parler d’un côté presque décalé ( on se demande : mais comment le personnage s’est-il mis dans cette situation? ).
L’auteur dit: « « J’écris pour dénoncer des situations qui me choquent. Pour dénicher la bêtise sous toutes ses formes. La méchanceté, la cruauté, le fanatisme, la sottise me révulsent. Je suis en train de compléter une trilogie. Les dents du topographe avait pour thème l’identité. De quel amour blessé parle de tolérance. Le troisième qui vient de paraître sous le titre Méfiez-vous des parachutistes, parle de l’individu. Identité, tolérance, respect de l’individu : voilà trois valeurs qui m’intéressent parce qu’elles sont malmenées ou mal comprises dans nos pays du Maghreb et peut-être aussi ailleurs en Afrique et dans les pays arabe. » (extrait d’un article de Fouad Laroui pour le Magazine littéraire, avril 1999).
Tout cela est très bien écrit, pas ennuyeux du tout et vraiment bien fait (j’ai lu « Les tribulations du dernier Sijilmassi » et « L’Étrange Affaire du pantalon de Dassoukine »).
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ça me donne vraiment envie, je vais essayer de m’en trouver un ! merci pour cette découverte !
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Mais de rien …je vais essayer – je dis bien « essayer » de faire un post avec la liste de mes lectures mais sans critiques (pour la simple raison que je n’ai pas le temps du tout….) – juste histoire de faire partager (sur mon blog2 I’m a lady butterfly)
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bonne idée ! ça peut toujours donner de bonnes idées 🙂
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Oui, et puis, ça me permettrait de mettre de l’ordre (sinon, je note ça dans un coin )
Fini le temps où mon métier me poussait à noter soigneusement mes lectures (j’ai quand même longtemps gardé l’habitude de le faire).
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tu faisais quoi et tu fais quoi maintenant ? 😉
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Ah…C’est long ça…^^ (et varié – on CV est un vrai roman)
Formation littéraire + métiers du livres (double licence ) d’où: libraire puis (là, c’est amusant): factrice, agent du guichet, d’autres métiers encore – en ce moment, réorientation professionnelle (vers la formation pour adultes et jeunes adultes).
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ah oui effectivement tu as pas mal bougé !
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mais non, juste un peu ^^
Mais je garde des réflexes de libraire très ancrés….
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Le titre du livre est vraiment accrocheur!
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oui, très poétique et il reflète bien le roman !
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