C’était la veille du 1er mai. L’avril s’en allait enfin, et avec lui les restes de l’hiver, froidures, gelées matinales et même grêle. Les fleurs épanouissaient leurs corolles un peu partout, ornant les plaines de taches vives.
Une fête était prévue dans le bourg, pour célébrer selon certains une ancienne divinité, Walpurgis, Vappu, Balpourge, personne n’en savaient plus rien. Selon les légendes, elle était une femme dotée de pouvoirs incroyables, fascinante et dangereuse, parfois appelée par défaut « sorcière ». D’autres voyaient simplement la fin de l’hiver, qu’une bonne flambée de bois mort chasserait définitivement.
Pour la plupart, c’était l’occasion d’une soirée autour d’un feu de joie, ou chacun amenait à boire et à manger. Les gens dansaient en rond autour des flammes dans lesquelles on jetait un peu de sel pour conjurer le mauvais œil. Les enfants se déguisaient en sorcière, chapeau pointu, oreilles poilues et nez crochu, profitant qu’ils étaient autorisés durant cette nuit à toute les farces !
Walpurgisnacht
Michaël se glisse furtivement par la fenêtre de sa chambre. C’est la nuit du 30 avril. Ce n’est pas n’importe quelle nuit et cette année, il est bien décidé à aller voir par lui-même si ce qu’on raconte est vrai. Il a bien un peu peur, mais en même temps, l’enfant est tout excité. Il se sent suffisamment grand pour tenter l’aventure sans en parler à personne.
On raconte que la Walpurgisnacht, c’est la nuit des sorcières. Cette nuit, elles font leur sabbat, leur sarabande… D’autres disent que ce sont plutôt les déesses de la fécondité qui se répandent dans la nature pour fêter la fin de l’hiver.
Michaël se faufile dans la nuit, à la lueur de la lune. Il espère, il guette. Une ombre ? Non, ça ne ressemble pas à une sorcière. Un frôlement le fait se retourner vivement, mais ce n’est qu’une branche basse qu’il a fait bouger en marchant.
Il observe tout autour de lui. Tout est calme. Un souffle d’air fait onduler l’herbe à ses pieds. Il entend le hululement d’un rapace nocturne, une hulotte certainement. Par moment, il perçoit des battements d’ailes. A ses pieds, une petite bête farfouille dans les feuilles mortes. Peut-être un rongeur en quête de nourriture. Michaël aperçoit une lueur qui scintille dans l’herbe. Il s’approche et découvre un ver luisant qui clignote pour attirer une compagne. Une chauve-souris vole en zigzagant entre les arbres.
Michaël découvre toute cette vie nocturne. Il a l’impression de faire partie intégrante de la forêt et vit pleinement l’arrivée du printemps. Il comprend pourquoi autrefois on a éprouvé le besoin de la célébrer. La nature se réveille, la vie s’agite, tout se remet en mouvement après la longue dormance de l’hiver.
Il en oublie la légende et tout ce qu’on a pu lui raconter. Il n’est même pas déçu de ne pas avoir rencontré des sorcières maléfiques. Il se laisse prendre par le charme de la nuit. La vraie magie est là, sous le ciel étoilé.
Tout doucement, il retourne vers sa maison. Il rejoint sa chambre, son lit. Il garde la fenêtre ouverte pour se glisser dans le sommeil en se laissant bercer par le chant des premiers grillons. Il sait que ce moment sera inoubliable.
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je me suis dit qu’avec ton Michaël en Allemagne ça pourrait t’inspirer 😉
(je t’ai envoyé un mail)
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