29 Janvier 2016 : Danse

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Pour une fois, il y avait du monde au petit théâtre. Comme à son habitude, Aveline rejoignit la pièce du haut, ordinairement plus tranquille. Elle s’enfonça dans un vieux fauteuil confortable et attendit que la scène prenne vie. À ses côtés, il y avait plus de spectateurs qu’elle ne s’y attendait, la jeune femme supposa qu’elle allait voir quelque chose de nouveau.

En effet, une silhouette apparut au milieu de la scène, forme noyée dans les voiles. La musique s’égrenna et la forme prit vit. Si son visage de poupée semblait humain, elle se rendit vite compte que ce n’était pas le cas. Ses mouvements parfaitement fluides étaient néanmoins emprunts d’une certaine raideur dans l’enchaînement des mouvements. Les voiles cachaient le corps, mais celui-ci se dessinait à travers de son cocon de soie.

La danseuse déploya ses bras et se mit à se déhancher lentement, dissociant chacune des parties de son corps. Les voiles translucides tombaient autour d’elle.

Aveline était fascinée, devant elle apparaissait une créature à peine humaine, un automate qui dansait avec une grâce étonnante. Ses mouvements étaient précis, mais de plus en plus étranges. La jeune femme se rendit compte alors qu’ils étaient insectoïdes créant des articulations là où le corps humains n’en avaient pas. La danse de la créature était hypnotique, mais rendait légèrement mal à l’aise. Les gestes étaient toujours emprunts de grâce, c’était de la danse et pourtant aucune danseuse humaine n’aurait pu faire de même.

L’automate se releva et petit à petit reprit des gestes plus gracieux. La danse se fluidifia et la souplesse de la danseuse rendit jalouse de nombreuses femmes dont Aveline. C’était si sensuel et poétique que l’assistance était suspendue à ses gestes. Oubliée la créature arachnéide, la créature imaginait pour eux des mondes et des rêves qu’elle dessinait du bout des doigts.

Lorsque la séance se termina, Aveline resta une fois de plus blottie au fond de son fauteuil. L’impression de mal à l’aise du début de la séance c’était totalement évanouie ; ne restait que cet étrange voyage qu’elle venait de vivre, suspendue aux gestes d’une créature non-humaine.

Sujet du 30 Janvier : Humour

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4 commentaires pour 29 Janvier 2016 : Danse

  1. Herb'au logis dit :

    ton texte laisse une drôle d’impression, mais on aurait quand même envie d’assister au spectacle !
    voici mon texte, plus un témoignage qu’un exercice d’écriture :

    La danse est indispensable à ma vie.

    Lorsque j’étais ado, comme toutes les filles j’ai fait de la danse classique. Justaucorps noirs, collants noirs pour les grandes, chairs pour les petites, chaussons demi-pointes ou pointes roses, avec les rubans de soie que l’on croise d’abord par devant, chignon serré, et tutus pour les jours de représentation. Grande salle avec un parquet en bois, un piano (et la pianiste), des barres tout le tour, une amovible au centre. La prof, si belle, qui compte jusqu’à huit, les pliés, demi-pliés, battements, retirés… et qui fait enchaîner les adages : arabesques, sauts de biche, sissonnes, déboulés, entrechats…

    Puis vint la période folklore. J’ai pratiqué la danse folk. J’aimais beaucoup la musique mais moins l’ambiance : jupe à volants et jupons en dentelles pour les filles, pantalons velours à grosses côtes pour les garçons, gilets en peaux de moutons retournées, sabots. Bal folk obligatoire tous les samedis…Fouchtri fouchtra, c’était un peu caricatural pour moi. J’y ai cependant pris du plaisir. Mais pas autant qu’en pratiquant la danse folklorique. On était ouverts sur le monde, on voyageait ! Je faisais essentiellement de la danse des pays d’Europe de l’Est, de Grèce, d’Israël. Je suis allée en stage en Grèce (ah le Hassapo servico avec le beau Dimitri !) et en Bulgarie (danser comme des fous par 40°, à l’intérieur…). Les danses et musiques tsiganes nous transportaient, à la limite de la transe.

    J’aurais aimé la danse de salon. Je n’ai malheureusement jamais trouvé de cavalier. Même le jour de mon mariage, mon mari a compté en s’appliquant trois fois un, deux, trois, pour la valse d’ouverture, puis d’un commun accord (!) nous avons abandonné. Heureusement, ma maman était là. Quel bonheur de danser à son bras. Il nous arrive parfois de nous laisser emporter par la musique. Nous tournoyons, valse à l’endroit, à l’envers, pas variés, selon l’inspiration. Maman va avoir 80 ans, j’espère bien qu’il nous arrivera encore d’esquisser quelques pas !

    J’ai pratiqué quelques temps la danse jazz, j’étais jeune et dynamique, il le fallait pour pouvoir suivre les kick, tilt et autres step. Mais depuis fort fort longtemps (je ne vous dirai pas combien !) c’est la danse contemporaine qui me plaît le plus.

    Quel plaisir à partager avec d’autres passionnées (é-e-s, bien souvent des femmes, il est vrai) ! L’échauffement ne me rebute nullement. Vient ensuite le temps de l’apprentissage d’un enchaînement lequel, lorsqu’il est bien mémorisé, nous permet de nous exprimer chacune avec notre personnalité. Nous faisons parfois des ateliers : nous avons un thème de départ : le regard, le contact, le rapport au sol, le silence, le support d’un objet, d’un texte…, quelques consignes nous amènent à un véritable travail de recherche, puis à l’improvisation. Ce n’est pas toujours facile à l’âge adulte, nous avons souvent perdu notre spontanéité d’enfant, mais ça se réapprend.
    Je participe aussi depuis peu à des « vagues de danses » : un temps de danse libre offert à tous, sans notion de forme, de chorégraphie, de niveau de danse, parfois avec la collaboration de musiciens, qui improvisent eux aussi.

    « Si je ne danse pas, je meurs » ai-je l’habitude de dire. Pourtant, je vois approcher doucement le soir de ma vie. Combien de temps mon corps pourra-t-il encore m’offrir ce plaisir ? Et comment ferai-je quand ce ne sera plus possible ??

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